Les De Leotoing-Montgon (31), successeurs des Ythier appartenaient à une ancienne maison d’Auvergne et des plus illustres, étant, au dire de certains historiens, une branche de celle de MercÅ“ur.
Cette famille a emprunté son nom au château de Léotoing (32) situé non loin de Lempdes, dans la vallée de l’Allagnon. Trois de ses membres possédèrent la seigneurie de La Clause : Béraud II de Léotoing-Montgon, Robert et Jean.
Béraud II de Léotoing-Montgon n’habitait pas au château de Léotoing, possédé à ce moment-là par les Dauphins d’Auvergne, ni à celui de La Clause, mais dans celui de Montgon (33), au canton de Blesle. De temps à autre sans doute, surtout à la belle saison, il allait a La Clause où l’attendaient de fastueuses réceptions, il pouvait tout à loisir respirer l’air pur et frais de la Margeride, contempler l’harmonieuse maçonnerie de cette résidence secondaire. En 1367, Béraud II de Léotoing, bien qu’étant mineur et sous la tutelle de Guillaume Ittier, syndic et chanoine-comte de Saint-Julien de Brioude, avait des droits sur le bac de Lamothe (34), bac analogue à celui de Monistrol-d’Allier au début du siècle dernier et à celui de Prades, il y a quelques années seulement.
Béraud II épousa Isabeau d’Isserpent qui lui donna au moins six enfants.
1 — Louis qui se signala dans la guerre contre les Anglais et fut armé chevalier par Dunois devant Bayonne, en 1451 (35) ; ce fut lui qui succéda au domaine de La Clause, à la mort de son père ; il eut un fils, Robert, dont il sera question plus loin.
2 — Pierre qui fut d’abord religieux au monastère de Sauxillanges puis évêque de Saint-Flour, de 1451 à sa mort, survenue le 23 novembre 1462.
3 — Antoine succéda à son frère sur le trône épiscopal de Saint-Flour et l’occupa jusqu’à son décès, le 4 novembre 1482.
L’un de ces deux évêques, ou peut-être les deux, a contribué à la construction de l’église de Grenier-Montgon dans laquelle leurs armes, surmontées de la mitre et de la crosse, sont sculptées aux clefs de voûte et à l’extérieur de l’une des fenêtres du chÅ“ur.
4 — Gérald qui était prieur de Saugues, en 1449 (36).
5 — Jean qui laissa un fils, Antoine.Ce dernier, qualifié de seigneur d’Aubiat, Chalet et Berbezit, épousa, vers 1468, Dauphine Bérangière, dite de Monciator, nièce germaine de noble Philippe Jaffinel, seigneur de Peyrusse et de La Pénide, lequel lui donna, lors de ce mariage, le château et les terres de La Pénide (37). Antoine, rendait hommage pour la terre de La Clause, en 1455. Il mourut au service du roi, laissant une fille unique, Delphine De Léotoing. Sa femme, devenue veuve, épousa, en secondes noces, Jehan de Crestes, seigneur de Saint-Eble et de Chavagnac en partie. Ces deux époux marièrent ensemble par la suite les deux enfants que chacun d’eux avait eus du premier mariage (id.)
6 — Béraud, décédé après sa mère, institua son frère Louis pour héritier.
Antoine, évêque de Saint-Flour, mourut le dernier de la famille et donna tous ses biens à son neveu, Robert fils de son frère Louis. Robert De Léotoing, chevalier, seigneur de Montgon et de La Clause, fils de Louis, inscrit à l’armorial de 1450, épousa Marguerite De Langeac, fille de Jacques, seigneur de Langeac, Brassac, Lamothe, Les Pontgibaud, et de feue Marie De Clermont.
« Pour tous les droits de ladite Marguerite, future épouse, biens paternels et maternels, le seigneur de Langeac lui donne la somme de 3 500 écus d’or neufs ayant cours au Royaume de France, dont 1500 écus payés comptant ; les 2 000 de surplus seront payés : 100 écus dans un an et ainsi de suite, 100 écus par an. Et en outre, promet vestir et habiller sa fille de bonnes robes et fourrures (fobrures) nupciaux jusqu’à la valeur de 500 écus d’or dont a été remis jusqu’à 50 écus et le surplus à la requête des futurs époux. Le seigneur de Montgon donne pour bagues et joyaux 100 écus. De Montgon donne en douaire à sa femme l’une de ses places, Montgon ou La Clause, ou autre qu’il aura audit pays d’Auvergne, ensemble 90 livres de rentes pour le cas de survie de la future épouse et seulement la durée de son veuvage. Et en cas de convoi, il lui donne seulement 60 livres de rente. Substitution par le seigneur de Montgon au premier fils de ce mariage de sa terre et seigneurie de Montgon avec armes. Et substitution par la future audit sieur Merle des 1 500 écus, partie de sa dot. Ils donnent au deuxième fils à naître de ce mariage lesdits biens si le premier fils ne veut pas accepter ou ne peut pas accepter les donations.
Daté au château de Domeyrac, le 11 février 1469 ». (38).
De ce mariage naquirent :
1° — François, marié à Jeanne De Montmorin et mort sans postérité ; il était seigneur de Montgon, en 1506.
2° — Jean, qui suit.
3° — Probablement Marguerite De Léotoing-Montgon, religieuse des Chazes, qui, en 1532, disputait l’abbaye de Blesle à sa cousine, Izabeau De Langeac, et articulait contre cette dernière des imputations, sans doute calomnieuses, mais qu’on ne pourrait reproduire qu’en latin, langue qui dans ses mots brave l’honnêteté (39).
Jourda de Vaux lui donne un autre fils, Antoine, qui rendit hommage avec son père, en 1493, au baron de MercÅ“ur, pour les châteaux de Montgon et de La Clause. Jean de Léotoing-Montgon, seigneur de La Clause, fut taxé, en 1529, pour la rançon des enfants de François Ier détenus en Espagne. Il possédait au Maizieu le fief dit des Drogols (40). Le 8 avril 1546, il passait un accord avec ses sujets de La Clause qui seront désormais dispensés de certaines redevances féodales. En 1549, il payait une certaine somme à Pierre d’Espinchals, son gendre (39). Le 17 mars 1565, noble François De Peutchan, seigneur des Salettes, et Hélix Chabanel, mariés, font hommage à Mre Jean De Léothoing d’un petit château, 2 granges, 2 basses-cours, un jardin, un chazal, 2 petits appartements et nombre de prés, champs et bois, sis aux Salettes. (Abbé Fabre, les Seigneurs des Salettes p. 3).
De son mariage avec Françoise De Montmorin-Saint-Hérem naquirent :
1° — Jacques qui succéda à son père. Dans les archives du Thiolent, nous trouvons plusieurs reconnaissances faites au cours des années 1564, 1565, 1566, en faveur de noble Jacques De Léotoing, seigneur-baron de Coren, seigneur de Montgon, Talaizac, Nautières et La Clause.
En 1569, il était gouverneur pour le roi de la ville et prévôté de Saint-Flour, et, le 8 août 1570, eut lieu dans cette ville la montre de sa compagnie (41), au nombre de « sept vingt huit hommes à pied » ; parmi ses sous-officiers, figure Loys de Montgon, sergent.
Jacques de Léotoing-Montgon, seigneur de Coren, La Clause, mourut à la fin du XVIe siècle, après avoir institué pour son hériter son neveu, François de Cordebeuf Beauverger, à charge, pour celui-ci, de porter son nom et ses armes. François ajouta à son nom celui de Montgon, mais, ni lui ni ses descendants ne portèrent jamais le nom de Léotoing.
2° — Louise De Léotoing-Montgon qui épousa, le 2 février 1540, Bénigne De Cordebeuf Beauverger.
3° — Jeanne De Léotoing, mariée le 24 février 1548, à Pierre d’Espinchal, seigneur des Ternes, à qui elle apporta en dot la seigneurie de La Clause.
NOTES
(31) Les armes de Léotoing-Montgon, gravées dans la cathédrale de Saint.Flour et l’église de Grenier, sont: « Ecartelées, aux 1 et 4 de sable, à trois fasces d’or » ; aux 2 et 4 d’azur et d’argent. »
(32) Nom d origine germanique : « Liutwin » ou « Laud-wîn » Lauton, XIe s. ; Lauthoin, 1262.
Ce château est bâti sur un roc auquel il est si bien adapté qu il semble avoir été créé pour lui servir de support. Il domine toute la pénéplaine, qui l’entoure, et surplombe à pic la vallée de l’Allagnon. Celui-ci l’enserre à sa base de deux côtés. Le promontoire sur lequel ce château a été construit évoque étrangement celui de N.-D. des Tours. A l’heure actuelle, ce ne sont que des ruines, mais ruines imposantes.
(33) Cne de Grenier^Monton, canton de Blesle. On voit encore les ruines de ce château.
(34) Spic. Briv. p. 411.
(35) Hist. d’Auvergne, chan. P. Audigier, p. 401.
(36) Saugues, p. 36.
(37) Notes manuscrites de Segret, not. Ã Blesle.
(38) Arch. de la H.A., EE 288-11.
(39) Arch. de M. le comte de Roquefeuil-Pradt, à Védrines.
(40) De Lescure.
(41) Arch. de M. le comte de Roquefeuil-Pradt.
Notons au passage : « Les guaiges et soldes pour ung mots…
— pour le seigneur capitaine, 106 livres ;
— au lieutenant, 56 livres ;
— aux deux sergents, chacun 20 L. ;
— à ung fourrier, 2 tambourins, ung phiffre, chacun 12 L. ;
— pour 4 caporaux, arquebusiers, morrioniers, chacun 20 L. ;
— louspressades, arquebusiers, morrionois, chacun 16\ L ;
— à 4 autres aussi morrionnés, chacun 12 L. ;
— à 60 autres arquebusiers, morrionnés, chacun 10 L. ;
— à 45 autres arquebusiers morrionnés, chacun 9 L. ;
montant et recevant lad somme de 1749 L. et pour les gaiges desd capitaine, lieutenant et enseigne et autre caporaux et arquebusiers, laquelle somme a esté payée comptant es mains dud seigneur De Montgon…. »